Agapes apotropaïques

Souvenez-vous : au temps où il usurpait le trône, le citoyen Chirac avait invité des notables à un « déjeuner républicain ».

Que bouffèrent les convives ? du curé ?

Mais, de nos jours, et c’était déjà le cas avant 2007, les vrais républicains bouffent de l’imam. Ils sont passés de l’hostie frite au croissant chaud. Du curé, comme mise en bouche, oui, mais du mufti, en plat consistant.

Un plat consistant précédé en l’occurrence d’une pantagruélique assiette de charcutailles, et suivi d’un gargantuesque plateau de fromages.

Puants comme ils doivent, les fromages.

Le citoyen Chirac, en effet, est doté d’un coup de fourchette qui honore la patrie. Je n’en dirai pas autant de (censuré : ne suivez pas mon regard).

L’expression ainsi mise en circulation fit florès : bientôt on ne compta plus les repas républicains.

Les mots s’usent à force d’être utilisés hors de propos. Le mot « république » suit la même évolution que le mot « démocratie » qui ne veut plus rien dire, mais protège contre le mauvais œil.